REVUE
DE PRESSE
Morceaux
choisis tirés de la centaine d’articles
consacrés
à Roger Laüt, depuis le début de sa carrière
« Je ne sais si
les tableaux de Roger Laüt ont fait courir tout Pau, mais je me porte garant de
l'attention que les visiteurs leur ont apportée. On ne peut nier ce choc émotif
que crée une sorte de complicité entre l'artiste et ceux qui viennent
contempler son oeuvre. […] Dans "Jump", la manière de Laüt se réfère à l'image
émouvante. Laüt est avant tout un psychologue. C'est aussi un portraitiste né,
maître de la couleur. Direct, sincère, il est éloigné de tout cabotinnisme. […] Vous aimerez dans Laüt, en dehors de ses
excellents vitraux, "La jeune fille dans la ville", ses nus, sa
"Maternité" et ses portraits. […] L'exposition la meilleure de
l'année.»
1955
« Ce
qui est certain, en tout cas, c'est que M. Roger Laüt occupe une place tout à fait
à part dans l'art palois ; je sais que l'expression fera sourire plus d'un
mécréant aux silences pavés de mauvaises intentions. L'art est à Pau - et
grâces soient rendues à tous ceux qui de bon cœur, le cultivent
- ce qu'il peut être dans une cité de province. En trois siècles de
centralisation, Paris a déshumanisé la province; aucun de nous n'est
responsable; il est admis que l'on ne réussit qu'à Paris. Il n'en est donc que
plus rare de voir un jeune artiste, au terme d'études longues et difficiles, à
l'heure où il est déjà maître et de son métier et de son talent, alors qu'enfin
il a décidé, contre vents et marées, de consacrer toute sa vie à la peinture,
venir se fixer dans son pays natal. On se sentirait fier de savoir qu'il a
trouvé pour l'appuyer la confiance de tous ses compatriotes. Peut-être en
sera-t-il ainsi avec le temps ? […] Lors de la première de ses
expositions, M. Roger Laüt arrivait de Paris. Encore très jeune, mais peut-être
prématurément mûri par les épreuves, il faisait déjà figure de maître du
pastel, et, visagiste d'une rare fidélité, il travaillait beaucoup à la
commande. Peut-être en quittant la capitale voulait-il échapper à une forme de réussite purement technique, à la dépendance
étroite d'une clientèle à une tyrannie, qui en somme, excluait la libre
poursuite de son propre idéal. Il savait ce qu'il perdait en se repliant dans
la vie plus obscure de la province, mais il avait aussi conscience des buts
qu'il poursuivait et de la direction dans laquelle il allait orienter son travail.
Les murs de la salle Pétron se couvrirent alors de
portraits, dont tous les visiteurs remarquèrent la qualité. En même temps,
apparaissent des études, des compositions dans lesquelles le visage n'était
plus qu'un prétexte : par exemple, cette poignante "Fugitive" au
profil d'Eurasienne, qui partait, courbée, portant pour seul bien son enfant
sur le dos. […] Les paysages les plus récents sont des études très poussées où
l'artiste prend les problèmes à bras-le-corps. Si dans un panorama, c'est le
ciel qui résiste, loin de tourner la difficulté, il en fait son thème principal
: un fouillis de verdure où jouent la lumière et l'ombre, une carcasse d'arbre
sur l'azur, et, là encore une émotion inexprimable se dégage de ce qui semblait
bien ne devoir en receler..., »
L. Laborde Balen
Sud-Ouest-1956
« Probité, passion, maîtrise du trait, intelligence du
choix, sens des harmonies puissantes, goût de la grandeur, défiance de
l'anecdote, réalisme contrôlé, recherche pure, indépendance de la personnalité,
telles me paraissent être les qualités essentielles de Laüt, artiste
incontestablement doué, en voie d'accéder à la maîtrise, acharné au travail,
perpétuellement en quête de nouveauté ou d'enrichissement - les deux ne vont
pas forcément de pair - vigoureux et sain, ouvert à la vie, sensible, délicat
même sous un abord un peu rude, tourmenté sans angoisse, tenté tout autant par
la fantasmagorie colorée d'une lessive battue par le vent que par la noble
architecture de la plus classique des compositions urbaines de Rome ou par la
fête de la lumière à travers les arbres en fleurs d'un printemps palois qui
embellit et transfigure la saignée humble du Hédas. » J.A. Catala,
directeur du journal
Sud-Ouest-1957
« C'est sous forme de pastel que l'artiste a traité divers
paysages de Rome, notamment une très belle série de vues des rives du Tibre,
avec des curieux et populaires bateaux-lavoirs dormant à l'ombre de ponts
majestueux et de ruines impériales. A elles seules, ces oeuvres
eussent pu faire l'objet d'une exposition entière mais R. Laüt a préféré en
varier les aspects pour en donner un aperçu plus large de ce qu'a été son
travail d'une année, travail en vérité considérable.» E. Laurielle
Sud-Ouest-1957
« Roger Laüt a ramené d'un voyage en Haute-Volta des
toiles somptueuses parmi lesquelles il a choisi, pour cette exposition à
l'atelier : "Foule à Bamako", "Jeune fille marca" et
"Paysage africain". […] Les oeuvres
africaines participent de cette technique de la couleur, avec en plus, un
rythme étourdissant dans "Foule à Bamako" où l'on retrouve un
équilibre parfait qui ne doit rien au remplissage, une luminosité exaltante ,
un mélange de vigueur et de flou qui suggèrent davantage qu'ils
n'imposent. » A. Abadie
Sud-Ouest-1959
« A notre arrivée hier, dans cet atelier que l'artiste
sait rendre si accueillant, nous nous attendions à découvrir quelques
concessions au modernisme , que le talent du peintre
suffirait à le personnaliser. Il n'en fut rien et notre visite ne fut pas pour
autant une déception : Roger Laüt "tel qu'en lui-même" présente une
gamme riche et variée d'huiles et de pastels évocatrice d'un récent séjour au
Maroc. Quelques portraits complètent l'ouvrage et l'on ne sait ce qu'il faut le
plus admirer, de la facilité de l'artiste à composer des oeuvres
les plus diverses ou de l'unité d'inspiration qui se dégage de
l'ensemble. » J. Cabau
L'Eclair-1960
« Après quelques années de labeur de Paris, (il) est venu
retrouver dans son pays natal le calme propice à la création. Ne vivant que de
la peinture, ne vivant que pour la peinture, c'est chez lui qu'il revient, à
chaque fois, mûrir longuement, décanter, retraduire en langue artistique les
esquisses et les études qu'il a ramenées d'escapades méritoires à Rome, en
Espagne, en Afrique noire ou au Maroc. » L.
Laborde-Balen
« Les monotypes constituent l'un des attraits les plus
curieux de l'ensemble . Beaucoup de toiles retrouvent,
en effet, leur double sur papier grâce à ce procédé. Mais le changement de
technique impose aussi des changements de couleurs qui doivent être plus pures
et plus vives, car le report se faisant par impression à l'aide d'une plaque de
verre, les superpositions de valeurs et les "repentirs" ne sont plus
possibles. Il faut aussi laisser entre les taches colorées des marges blanches
qui jouent le rôle de cerne. En revanche, le granulé obtenu est souvent d'une
grande beauté, et c'est ce "jeu de la liberté et du hasard" qui a
séduit le peintre. Il s'y est complu sans toutefois sacrifier en recherches
techniques, le principal de son activité. Pour l'amateur d'art, la
juxtaposition de l'original et du monotype qu'il a inspiré, permettront, de se
rendre mieux compte de ce que l'équilibre du tableau impose à l'auteur. »
Sud-Ouest-1963
« Ces qualités de réflexion, cette intelligence
analytique des éléments du tableau, on y est d'autant plus sensible qu'il se dégage
à présent de l’œuvre de Roger Laüt un bonheur de peindre communicatif. Et l'on
s'aperçoit que cette oeuvre a gagné en unité
d'inspiration car elle est désormais révélation de la lumière en fête et de ses
infinies possibilités chromatiques. » M.
Palisses
« Le peintre palois, Roger Laüt, dont chaque exposition
annuelle est toujours attendue avec grand intérêt, n'a pas échappé à ce besoin
de se situer par rapport à soi et aux courants picturaux qui est le propre à la
maturité, afin de canaliser ses forces, de mieux définir ses sources
d'inspiration. Cela explique l'importance (en nombre comme en qualité) de la
manifestation actuelle au Pavillon des Arts. » M. Palisses
L'Eclair-1965
« Puis comme il le confie volontiers lui-même, il n'a
point hésité à prendre ses distances, comme d'ailleurs à être perméable à
certaines influences. C'est ainsi que jusqu'en 19547-1955, il s'est attaché à
tirer les meilleurs enseignements de la construction géométrique et du travail
de la couleur. S'il n'est pas un coloriste né (c'est Roger Laüt qui l'affirme)
et si cette recherche lui pose les plus sérieux problèmes, il n'en a pas moins
réussi à présenter une palette variée qui retient le regard. Cette recherche et
ces expériences multipliées au travers desquelles il se cherchait devaient le
conduire à la composition dont certaines sont remarquables. »
« (Roger Laüt déclare) " En Béarn, sauf en automne,
la lumière est froide et l'on baigne dans le vert. Mon tempérament ne s'en
accorde pas. J'ai besoin de m'appuyer fortement sur la lumière, de me laisser
porter par elle. Les vibrations lumineuses me permettent de donner la notion
d'espace... Je cherche les accords entre les différents éléments d'un paysage,
pour cela, j'utilise la luminosité et l'eau, car l'eau est un miroir coloré
dans lequel l'image se répercute. »
« Tous ceux qui ont suivi depuis plusieurs années l'évolution
de Roger Laüt, ce peintre discret chez qui l'esprit d'analyse n'entrave pas le
jeu d'une sensibilité très réelle mais la canalise avec efficacité, savent ce
que représentent pour lui les vertus de l'artisan chez qui la peinture est une
passion mais aussi un métier au sens technique du terme. »
«Roger Laüt présente de nombreuses toiles, mais aussi des
études, et parfois on retrouve le même tableau à trois stades de réalisation :
au fusain, à l'essence, à l'huile. Pourquoi cette "peinture à
l'essence" ? […] "C'est un procédé parmi d'autres, nous répond Roger
Laüt. Il consiste simplement à délayer la peinture à l'essence et permet
d'obtenir, par l'utilisation des blancs et des transparences un résultat proche
de l'aquarelle ou du lavis, mais en gardant la richesse de la matière : car il
reste très possible de marier les couleurs par superposition... C'est un
procédé employé par plus d'un peintre dans leurs études. Or, utilisant pour ma
part à la fois le fusain, le pastel et l'huile, j'estime avoir à ma disposition
un registre suffisant de moyens d'expression ; la peinture à l'essence me donne
la possibilité de m'y tenir sans "m'éparpiller" encore davantage en
pratiquant l'aquarelle... C'est pourquoi je l'ai choisi." » L.
Laborde-Balen
Sud-Ouest-1968
« Roger Laüt (Salons du Plazza) procédant par larges
touches colorées, brosse des paysages de Bretagne, de Hollande, d'Espagne et de
la Côte d'Azur, où transparaît sa maîtrise du trait. La construction est rigoureuse,
mais tempérée par une lumière captée sur le motif et rendue avec beaucoup de
talent. »
Le Peintre- n°385-969
« Roger Laüt : 44 ans. Un visage triste aux yeux
limpides, un teint pâle, une voix sympathique. Il s'explique et se raconte avec
bonne volonté, avec application, avec le souci de ne rien oublier. Et pourtant
cette élocution facile, ce n'est pas lui. Il dira un peu après :" J'expose
le moins possible. Parce que je ne suis pas doué pour la présentation... et
puis la peinture prend beaucoup de temps, vous savez!". […] "Le
dessin m'a été donné, dit-il, il m'est naturel, il signifie pour moi la
liberté. La couleur au contraire, c'est une conquête..." Il entre dans la
couleur par le biais de la nature morte. Il étudie le rythme avec de grandes
compositions, des travaux d'imagination à l'esprit géométrique : " Cela
satisfait quelque chose que j'avais en moi" dit-il. […] De l'évolution
actuelle des Arts Plastiques, il dit :" elle est vertigineuse mais on
la suit tout de même assez facilement. Un peintre ne doit pas essayer de
prendre le train en marche ni satisfaire à une mode... Je ne me remets pas en
question. Je vis une période de décantation et je n'ai pas tellement envie de
changer les données." […] A travers lui, on se dit qu'il y a peut-être
encore quelque chose à découvrir dans cette attitude - qui fut longtemps sacrée
et que maintenant l'on méprise - du peintre en face de la nature. En face de
lui, on pense qu'il faut beaucoup de rigueur, de ténacité et d'orgueil pour ne
pas trahir son esprit ni tromper les choses. "Le piège, c'est
l'anecdote" dit-il. »
Nice
Matin-1969
« Cette précision, alliée à la robustesse, nous la
retrouvons dans le moindre dessin au fusain, un dessin qui n’a rien d’une esquisse,
mais qui est tout un monde en soi et qui sous-tend l’armature du lavis le plus
fluide ou la nature morte la plus dense et la plus richement colorée, comme en
témoignent les somptueuses variations sur le thème du gibier à plumes ou ce
très beau bouquet de fleurs d’artichauts mauves, sur un fond bleu et vert d’une
grande intensité, fleurs qui nous remettent en mémoire certain conte
d’Andersen. » M.
Palisses
L’Eclair des Pyrénées-1972
« Le second thème est celui de la violence. Il n’est pas
tout à fait nouveau. Nous avons déjà signalé chez Laüt sont aspect
« témoin de son temps », qui lui avait fait prendre pour sujet un
exode au Vietnam, le partisan assassiné, et aussi la nageuse, le rugbyman ou
l’accident de travail. Cette fois, ce sont des scènes de carnages (peu importe
dans quelle guerre civile, il y en a tant, hélas !) qui lui ont inspiré
cette longue protestation en plusieurs lavis, simples, cruels, avec toute la
concision dramatique d’un dessin à peine transposé, où l’encre coule comme le
sang. Le troisième, enfin, dérive des impressions que Roger Laüt a ramenées de
ses plongées sous-marines. Algues, poissons et coraux sont devenus les motifs
de sortes de mosaïques abstraites qui font penser à des mêlées de protoplasme et
sont très séduisantes. » L.
Laborde-Balen
Sud-Ouest-1970
«C ’est une opinion souvent entendue que la peinture de
Roger Laüt a parfois été empreinte d’un certain voile de tristesse qui, entre tous
les accords colorés, lui faisait préférer les nuances sourdes, les intérieurs
étouffés, les lumières indécises, les variations sur une même note…
Pourquoi ? Il est difficile de le savoir, car l’artiste peut vibrer
intensément en peignant ce qui paraîtra à d’autres mélancolique et justifie
toujours son choix par un impératif pictural… Peut-être y avait-il dans cette
manière de voir le monde la marque d’une enfance qui ne fut pas facile, d’une
dure et longue conquête de son métier… Peut-être plus simplement son
tempérament était-il tel.
La contrainte n’a jamais empêché l’œuvre d’art, au contraire.
De celle-là est née une œuvre d’une forte personnalité et d’une beauté qu’on ne
conteste pas. Mais tous ceux qui regrettent, une fois ou l’autre, de ne pas trouver
assez de gaieté dans sa peinture, doivent se précipiter au Pavillon des
Arts : cette exposition sera la leur. Avec les 40 « fleurs
aléatoires », la couleur la plus vive, la lumière la plus franche, tout un
univers fleuri a fait une entrée éclatante.
Pour un observateur attentif, c’est, à vrai dire,
l’aboutissement d’une recherche qui avait commencé depuis plusieurs années. Une
franche lumière était déjà entrée dans l’œuvre de Roger Laüt avec les plages
blanches des monotypes et leurs transparences chantantes .
Elle a gagné d’autres tableaux. Mais aujourd’hui c’est, aujourd’hui, un
concert. » L. Laborde-Balen
Sud-Ouest-1977
« Il est des artistes, bien souvent les meilleurs sinon
les plus en vue, qui oeuvrent dans l’ombre d’ateliers
secrets, sans trompettes ni tambours, dans la dignité, la probité
intellectuelle et souvent une grande richesse intérieure qui leur tient lieu de
récompense. Ces qualités ne sont pas « payantes », il est vrai, mais
tellement nécessaires à l’art véritable qui ne jaillit que de sources cachées
et d’accès malaisé. En corollaire, la création dans la difficulté, la remise en
question perpétuelle de soi-même et de son art, parfois l’inquiétude,
l’angoisse, souvent le découragement. Roger Laüt a choisi cette « porte
étroite », ce chemin hasardeux qui mène pas à pas vers les sommets. » G. Forcade
La République
des Pyrénées-1977
"Votre
école ? votre maître ?
« C’est la peinture qu’il faut juger. La forme. Le fond dans
notre art est trop aisément superficiel. On peut être cubiste, impressionniste,
pointilliste… et être un mauvais peintre. Comme on peut être un bon peintre et
n’être ni cubiste, ni impressionniste, ni pointilliste… Les professionnels,
comme les mauvais amateurs…, sont gens trop pointilleux. Et souvent ils se
trompent. Ils sont désorientés, s’ils ne vous classent pas. » J.L.
Rabou
Le Quotidien de
La Réunion et de l’Océan Indien-1977
« L’expression d’intimisme se retrouve dans une série
inspirée par des masques. En fait, il s’agit plutôt de visages sans regard,
peints d’imagination. L’Afrique noire, où Roger Laüt a fait plusieurs séjours,
n’est sans doute pas étrangère à cette inspiration. A cette différence près
qu’il ne faut pas chercher ici la dimension du magique, du sacré, mais un jeu
de volumes et de couleurs, le prétexte à des arabesques décoratives. » M. Palisses
L’Eclair des Pyrénées-1980
"Qu’ils aient, ces paysages, la fluidité de la peinture à
l’essence sur papier ou le chaleureux agencement de plans recomposés dans le
calme de l’atelier, ils ne démentent pas la vision naturelle mais fuient tout
pittoresque racoleur. En fait, ils sont transposés dans une gamme
volontairement restreinte faite de gris et de beiges, de terre d’ocres, de
bruns rouges et de bleus. » M.
Palisses
L’Eclair des Pyrénées-1981
« Roger Laüt se classe décidément parmi les valoristes : la couleur lui monte rarement à la
tête ! Il continue à privilégier les beiges ocrés, les gris bleus, les
ocres roses, les bruns, les rouges étouffés, les bleus rompus, à pratiquer le
mystère des reflets. Cette utilisation des reflets lui dicte maintes pages
limpides quoique solidement structurées, en particulier ses peintures à l’essence
sur les ruelles de Venise, thème jusqu’ici inédit dans son œuvre. Les tonalités
en sont on ne peut plus discrètes, en accord avec l’usure au temps, la
corrosion des eaux. »
M. Palisses
L’Eclair des
Pyrénées-1981
«Bien connu des Palois pour avoir exposé à maintes reprises
ses nombreuses œuvres à Pau, Roger Laüt, artiste peintre depuis quarante cinq
ans, […] a investi depuis quelques années l’ancienne forge de Vialer (dans le
canton de Garlin), autour de laquelle il a trouvé de nouvelles inspirations. Ce
chasseur d’images a donc parcouru le Vic-Bilh. C’est alors qu’après avoir
réalisé plus de quatre-vingt-dix toiles sur les gaves et les torrents des
Pyrénées, il croqua les demeures abandonnées de ce nord-est béarnais. […]
Imprégné par ces lieux, il y trouva de nombreux autres sujets, des paysages
variés, qui vivent au rythme des saisons… C’est ce qu’il va proposer aux
amateurs de peinture dans le très beau chai du château d’Arricau-Bordes. »
Sud-ouest-1990
« Vers 1977, évoque de son côté l’abbé Ugartemendia, responsable de l’art sacré dans le diocèse,
j’ai proposé à Roger Laü t, dont j’étais alors
l’élève, de préparer un projet destiné à éclairer ce grand mur en béton, […].
Roger Laüt se je ta avec enthousiasme sur ce projet, multipliant les esquisses
dans son atelier, pour aboutir à une maquette très évocatrice de 2m de long sur
0,5m de hauteur. […] Le thème choisi d’un commun accord était à la fois discret
et particulièrement chaleureux : la marche vers la lumière des peuples de
toutes les races et de toutes les époques. […] Il (R. Laüt) nous commente
l’œuvre finale : « c’est une peinture à l’huile, une toile d’un seul
tenant montée sur chassis de 8,5m sur 2m. Je n’ai
guère eu de recul car je l’ai peinte dans mon garage. Ce fut un événement quand
elle a pu être transportée dans le jardin. J’ai pu vraiment juger de l’ensemble
pour la première fois. ». La composition s’étire en frise, deux groupes de
personnages s’avançant des deux côtés de la toile pour converger vers un centre
où la lumière est symbolisée par un triangle clair. Les figures, près d’une
trentaine en comptant les enfants, sont en grandeur réelle. Les visages sont
seulement suggérés car l’artiste n’a pas voulu trop les individualiser. La
frise de gauche personnifie les peuples orientaux et africains, celle de droite
le monde occidental. Les grands aplats sont modulés dans une gamme de tons de
terre qu’illuminent, ici et là, les rouges, les bleus et les jaunes vifs de
vêtements intemporels. De nombreuses courbes rythment l’ensemble :
porteurs d’offrande, mères tenant leur enfant, figures inclinées ou
agenouillées. De cette longue procession s’acheminant vers la lumière se dégage
un sentiment pénétrant de joie et de paix. Roger Laüt a mis à profit l’éclairage
zénithal tombant d’aplomb sur le maître-autel pour mettre en valeur l’unité de
la composition et sa richesse décorative, toute de discrétion et de
recueillement. » M.
Palisses
« Tout Pau le sait, Roger Laüt est pétri de talent, de
modestie et de gentillesse. Ancien élève des Beaux-Arts
de Toulouse puis de l’école du Louvre, l’artiste préfère quitter Paris pour
s’installer dans les Pyrénées. Par ce geste désintéressé et plein de panache,
il sacrifie le succès et la reconnaissance en échange de la qualité de vie.
Chaque année, au gré de son inspiration, il nous fait découvrir les nouvelles
facettes de son art. Aujourd’hui, c’est l’arbre qui est à l’honneur. L’arbre
dans tous ses états. […] L’an dernier, il a assisté au grand carnage du 27
décembre. Le soleil revenu, il a saisi les arbres centenaires jetés au sol.
Leurs branches blessées s’entremêlant aux jeunes pousses. De Fontainebleau,
Roger Laüt donne toute l’ampleur de sa palette et nous ramène de bien curieuses
variations géométriques. Noirs amas de branches enchevêtrées sur le frais de la
mousse, arbres obliques, blessées ; troncs nus, désespérés, hérissés sur
fond de ciel bleu. » P.
Mirat